Montréal, 13 mai 2022
Nouvelle
En réponse au communiqué de presse émis par certains groupes le 12 mai Réaliser la décarbonation du Québec au meilleur coût possible
La nécessité de décarboner notre économie fait consensus, et tous souhaitent soutenir la transition énergétique. Or, certains remettent en question l’entente proposée par Hydro-Québec et Énergir qui vise à convertir à la biénergie les installations chauffées au gaz naturel, réduisant au passage de plus de 70 % la consommation d’énergie fossile des clients participants.
Nous avons déjà des objectifs très ambitieux en matière d’efficacité énergétique. Ainsi, nous souhaitons que l’ensemble de nos outils de gestion de la pointe (tarification dynamique, Hilo, gestion de la demande de puissance de la clientèle d’affaires, électricité interruptible chez les clients industriels, etc.) doublent leur contribution dans les prochaines années, à hauteur de la production de la centrale La Grande-4 – deuxième au Québec en termes de puissance installée.
La réalité est que nous avons besoin d’un coffre à outils bien rempli pour être en mesure d’électrifier notre économie tout en arrivant à répondre à la demande en période de pointe, l’hiver, quand le réseau électrique est fortement sollicité, le tout, au meilleur coût possible pour nos clients.
Les chiffres exacts
Certains groupes affirment que l’entente se traduirait par un manque à gagner (qui subit l’influence des coûts d’approvisionnement associés à l’électrification de nouveaux clients) et une contribution carbone totalisant 7,2 milliards de dollars d’ici 2050. Ces chiffres sont complètement erronés, et l’intention est profondément paradoxale : on nous reproche les coûts de l’électrification, en nous demandant de la remplacer par... encore plus d’électrification !
Si la Régie rend une décision favorable en réponse à la demande d’Hydro-Québec et d’Énergir, l’entente sera valide jusqu’en 2026 et renouvelable jusqu’en 2030. Les compensations pourraient alors être versées jusqu’en 2044, et non pas 2050 comme l’avance le regroupement. Il est trop tôt pour spéculer sur l’avenir plus lointain de cette entente, bien des choses pouvant évoluer dans les prochaines années.
Si l’entente était reconduite jusqu’en 2030, elle entraînerait plutôt 1,4 milliard de dollars en contribution carbone et 2,7 milliards de dollars en manque à gagner en raison des approvisionnements en électricité requis pour remplacer le gaz présentement utilisé par les clients visés, soit un total de 4,1 milliards. Nous sommes bien loin du montant avancé par le regroupement.
Ce montant peut sembler important, mais il faut le comparer aux résultats de l’autre solution, soit l’électrification complète des bâtiments, ce qui représenterait un coût total plus de deux fois supérieur. Ce coût serait lié non à l’entente avec Énergir, mais au manque à gagner dû aux approvisionnements additionnels rendus nécessaires par l’électrification complète du chauffage des bâtiments. Le montant avancé par le regroupement est donc complétement erroné et mélange des coûts propres à l’entente et d’autres liés à l’électrification – avenue avec laquelle ils sont pourtant d’accord.
Une électrification complète des bâtiments aurait donc un coût collectif largement plus élevé, car elle se traduirait par une hausse des tarifs d’électricité deux fois plus importante qu’avec l’option de la biénergie. Celle-ci mise sur l’utilisation de la bonne énergie au bon endroit et au meilleur coût pour tous.