Montréal, 13 mars 2013

Communiqué de presse

Réponse du PDG à la chronique : "Hydro à l'heure des réformes" (Journal de Montréal/Journal de Québec)

Nous souhaitons porter à votre attention et à celle de vos lecteurs certaines données sur les opérations et la performance d'Hydro-Québec à la suite de votre chronique du 5 mars 2013 (Journal de Montréal/Journal de Québec) intitulée "Hydro à l'heure des réformes". Vous y référiez à une conclusion de M.Claude Garcia, un ancien dirigeant du secteur de l'assurance, reprise récemment par l'économiste M.Pierre Fortin, à l'effet que "deux milliards de dollars d'économies annuelles sont à la portée d'Hydro-Québec". Ce chiffre est irréaliste. 

Les dépenses totales d'Hydro-Québec sont réparties en cinq grandes composantes : les charges d'exploitation, les achats d'électricité de producteurs privés et de combustibles, la charge d'amortissement comptable, les taxes et les frais financiers sur la dette.

Deux de ces composantes sont essentiellement incompressibles.  C'est le cas de la charge d'amortissement comptable – 2,4 milliards de $ en 2012 – pour les immobilisations présentement en service, qui n'est pas fonction de choix ou stratégies de gestion de l'entreprise mais bien des normes et durées de vie comptables validées par nos auditeurs externes (incluant le Vérificateur général du Québec).  C'est également le cas des taxes – 1 milliard de $ en 2012 – qui sont soumises à une indexation annuelle et bien entendu hors du contrôle de l'entreprise. 

Quant aux achats d'électricité de producteurs privés – plus 1 milliard de $ en 2012 – ils sont établis par contrats et ne peuvent être réduits ou ajustés au gré d'Hydro-Québec. Ces achats résultent le plus souvent d'orientations et de décisions gouvernementales pour favoriser le développement de certaines filières énergétiques et des retombées économiques régionales. Nous avons d’ailleurs eu l'occasion de couvrir cette question des achats d'électricité par Hydro-Québec dans le contexte des surplus actuels, lors d'une commission parlementaire, le 12 février dernier.   

MM. Garcia et Fortin avancent l'hypothèse qu'en "gérant mieux son parc de centrales, Hydro-Québec pourrait réaliser des économies annuelles d'un milliard de dollars en frais d'amortissement et d'intérêts moindres sur ses investissements".  Pour justifier cette hypothèse, ils invoquent une "sous utilisation chronique de la puissance installée" de nos centrales.  Ce commentaire traduit une profonde méconnaissance de nos installations et des réseaux électriques.  La puissance installée de nos centrales est adaptée aux caractéristiques hydriques des rivières et des réservoirs constitués.  Elle permet d'optimiser l'énergie des rivières et de répondre aux besoins de notre clientèle.  Bien sûr, le chauffage électrique résidentiel et commercial au Québec requiert plus de puissance l'hiver que le reste de l'année.  Plus au Sud, c'est l'inverse, pour la climatisation d'été.  Ce n'est pas une sous utilisation d'actifs, c'est le reflet du climat et des besoins, comme partout dans le monde.  Notre parc de centrales est conçu et exploité selon les meilleures normes de l'industrie.

Messieurs Garcia et Fortin mentionnent aussi trouver  très "coûteuse" (sic) l'électricité de certaines de nos centrales par rapport à de petites centrales du secteur privé.  Là-dessus, un rappel de certains faits peut être utile. La production des centrales hydroélectriques exploitées par Hydro-Québec a coûté 2,2¢ le kilowattheure en 2012.  La production des petites centrales hydroélectriques privées au Québec nous a coûté plus de 7¢ le kilowattheure en 2012.  En ce qui concerne le développement de nos projets récents, MM. Garcia et Fortin disent constater d'importants dépassements dans les coûts de construction.  Ce constat ne correspond pas à la réalité.  Nos nouveaux aménagements hydroélectriques associés à la plus récente phase de développement, amorcée à la fin des années '90, ont coûté un total de 10,2 milliards de $.  C'est 5,2% de plus que les 9,7 milliards de $ annoncés au lancement des projets, un écart somme toute modeste, surtout lorsque l'on tient compte de la complexité de ces grands projets et des défis de réalisation des projets civils et industriels partout dans le monde. Par ailleurs, l'incidence de cet écart sur nos coûts de production est limitée puisqu'il s'agit de coûts amortis sur la durée de vie utile des aménagements de plus de 100 ans. L'ensemble de ces nouveaux aménagements hydroélectriques produit de l'électricité à 5,3¢ le kWh ($2011).  La production des petites centrales hydroélectriques privées les plus récentes nous coûte 7,5¢ le kWh ($2011).

Hydro-Québec demeure une référence mondiale en matière de construction et d'exploitation de grands aménagements hydroélectriques.  Notre expertise est recherchée et nos pratiques de gestion, de maintenance et d'investissements sont reconnues.  Il n'y a pas 1 milliard de $ par année à "économiser" en "gérant mieux le parc de centrales" au Québec.

Pour ce qui est de la cinquième composante de nos dépenses totales, les charges d'exploitation de l'entreprise, elles s'élèvent à 2,4 milliards de $ en 2012.  On comprendra qu'il n'y a pas un milliard de $ à "économiser" sur un tel montant, le chiffre avancé par MM. Garcia et Fortin pour soutenir l'hypothèse d'économies annuelles totales de 2 milliards de $.  Aucun balisage externe objectif ne permet de supporter une telle hypothèse.  Voici quelques comparaisons intéressantes.  Au Canada, BC Hydro – l'équivalent d'Hydro-Québec en Colombie-Britannique – a dépensé 60 millions de $ en charges d'exploitation l'an dernier pour opérer chaque milliard de $ de ses actifs en service.  Pour Manitoba Hydro ce chiffre est de 54 millions de $ pour chaque milliard de $ d'actifs en service.  Dans le cas d'Hydro-Québec, c'est 46 millions de $ en charges d'exploitation en 2012 pour chaque milliard de $ d'actifs en service.   Bien sûr, Hydro-Québec, comme toute organisation, doit continuer à réaliser des gains d'efficience.  Elle le fait chaque année, par ses investissements en technologie ou la révision de ses pratiques d'affaires et processus opérationnels.  Ces gains d'efficience ont fait en sorte que nos charges d'exploitation n'ont pas augmenté depuis 2008, même si nous exploitons un volume croissant d'actifs et que l’inflation ajoute une pression sur nos coûts, comme pour toutes les entreprises.  La qualité, l'expertise et le professionnalisme de nos employés doivent être soulignés à cet égard.

Finalement, il n’est pas inutile de rappeler qu'Hydro-Québec est une des entreprises les plus rentables de son secteur en Amérique du Nord, tout en offrant les tarifs parmi les plus bas pour l'électricité à ses clients.  Parmi les 10 compagnies mises de l'avant par MM. Garcia et Fortin pour comparer la performance d'Hydro-Québec, nous nous situons au 3e rang pour ce qui est du rendement sur l'avoir propre (14% en 2011), une mesure assez objective de rentabilité.  Nos tarifs sont quant à eux parmi les plus bas du groupe de comparaison.  Il est intéressant de noter que les entreprises les plus performantes selon l'analyse de MM. Garcia et Fortin (Pacific Gas and Electric et Xcel Energy)  affichaient l'an dernier parmi les moins bons rendements sur l'avoir propre – 7% pour PG&E et 10% pour Xcel.  Les actionnaires et les clients de ces entreprises auraient sans doute préféré le rendement et les tarifs d'Hydro-Québec en 2011. 

Thierry Vandal
Président-directeur général

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